Nos adieux avec les 50° rugissants et les 40° hurlants

Publié le par L'Amérique Latine de Guapita

Dans l'épisode précédent vous avez connu les raisons de notre déroute aux Falklands. Juste pour préciser quelques détails.

 

L'île des états, ou pour nous notre dernier mouillage dans le grand Sud, a été riche en surprises : mouillage pas génial, bateau qui cogne contre les cailloux, trous, réparation sous la pluie et les Willywaw, et pour notre départ, 5 tonnes de Kelt (algues du coin) accroché à l'ancre. 1 heure pour appareiller, le winch de l'arrière faisant office de guindeau. Que du bonheur ! En partant de l'île des états,nous mettons le cap sur Puerto Deseado situé au nord de la baie de Magellan. Après 30h de navigation, le bateau commence à faire dangereusement de l'eau et nous déroutons au Falkland afin d’effectuer les réparations. A part les pingouins, il y a pas grand chose aux Falkland.P1010707 Sa richesse, ce sont ses eaux, riches en poisson et en Pétrole, voilà peut-être la principale raison pour laquelle les Argentins et les Anglais se disputent se bout de terre...

 

Nous reprenons la mer, cap sur Buenos Aires. Les conditions sont bonnes selon le fichier météo du Lundi au Vendredi. Samedi dimanche, ça devrait se gâter avec le passage d'une dépression, mais si on fait vite on lui passe au dessus. L'avenir nous dira qu'on a pas fait assez vite...

Les premiers jours de navigation sont tranquilles, le vent venant principalement du Sud et donc dans les fesses, entre 15 et 25nds.

Vendredi, Max nous fait la remarque : « ça se serait bien un petit poisson pour midi ». Il n'en fallait pas plus pour que nous attrapions un thon. Faut dire que la veille, nous avions pêché un petit puffin mais on a pas osé le manger.. ! Nous sommes par 44° Sud.

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Le samedi le vent bascule à Est, Nord-Est signalant le passage de l'anticyclone et l'arrivée de la dépression. Nous prenons rapidement les ris et changeons de voile à l'avant.

 

Au début du voyage, à 20 nds on prenais un ris et gardions le Yankee, à 25nds on prenait deux ris. Il faut dire que maintenant les navigations dans le grand Sud nous ont rendu plus prudent. A 20 nds de vent, on passe au Solent et à 25 nds, on prend 3 ris ! Donc, en ce samedi après-midi, le vent monte à 22 nds. Jonathan se précipite en pied de mât et prend direct 3 ris. Une demi heure après, ça souffle à 30 nds.

 

Selon le fichier meteo d'il y a 5 jours..., on devrait être au dessus du gros de la dépression et donc se prendre que sa frange supérieur. On serre les fesses avec Baptiste en ce début de quart de nuit, guettant la bascule d'ouest qui confirmerait nos dire. Et puis elle arrive, mais forte la bascule, 35-40nds. On affale la GV et ne gardons que le solent, lui même arisé. Comme si cela ne suffisait pas il pleut horriblement, nos pantalons et cirés sont trempés, mais heureusement, ce n'est plus le même froid quand bas, ici le vent à des aires de chaud...

 

La nuit n'est pas évidente, et Jonathan et Max se relaie dans les quart de nuit de 3 heures. Vers 1heure quand je vais me coucher, les conditions étant dure, je propose des quart de 1 heure, mais le message est mal passé... Mais le bateau est avec un petit Solent et le régulateur d'allure barre à notre place donc pas obligé de rester dehors toute la nuit. Bref, je roupille comme une souche. Au matin du dimanche, vers 6heures, je prends le relais et vais jeter un coup d’œil dehors ; depuis 1heure il me semble les conditions sont plus dure avec régulièrement des gros départ au lofe. La vision que m'offre la mer me fait vite comprendre que c'est bien la merde. Grand mur d'eau, belle déferlante et une mer blanchie par le vent de 50nds et qui monte à plus de 55nds dans les rafales. On a connu dans les canaux des vents de ce type, mais en pleine mer ça lève une mer impressionnante.P1010771

 

Cette fois pas le choix, il faut barrer histoire de bien prendre les vagues. Peu importe le cap, nous sommes en fuite. Toutes les demi heures, ils nous arrivent une vague plus grosse que les autres. Elle doit être facile dans les dix mètres puisque le mât qui fait 13 mètres semble être en dessous. Pour ces grosses mamas pas question de se planter, il faut bien présenter l'arrière du bateau, être équilibré et légèrement de ¾ , sinon plein cul, on part dans des surfs de dingue (18 nds de vitesse, records de Guapita) et le moindre petit coup de barre peut nous faire déraper, se retrouver de travers à la vague, planter le mât... bon j'arrête là le scénario catastrophe.. !

On survit comme ça, en fuite. Le cockpit et régulièrement rempli d'eau et le support du panneau solaire arraché dans un départ au lof un peu trop penché. Tout le monde barre et nous nous relayons toutes les heures voir toutes les demis-heures. Dans ce spectacle à la sauce sauvage, le soleil nous salue régulièrement, entre deux grains, ainsi que les dauphins qui nous accompagnent dans nos surfs. Ils ont l'air de vraiment bien s'amuser, eux..., et cela nous redonne de l'énergie voir nous tire un sourire !

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Vers les 16h, le vent ne mollit toujours pas et la mer est toujours aussi grosse. On décide de se mettre à la cap histoire d'attendre que ça passe, et puis les surfs commencent à devenir de plus en plus long... On affale le solent. Premier constat, le bateau se comporte bien sans voile, toujours à peu près manœuvrable. Puis on se hisse la GV 3ris choqué et la barre sous le vent. Le bateau est à la cap, mais l'équipage n'est pas vraiment rassuré, il n'y que le capitaine qui l' »air de trouver ça bien... Mais il est vrai que notre allure n'est pas génial. La position du bateau varie entre le près serré quand il lofe et travers quand il abat. Parfois le timing n'est pas le bateau et nous prenons une déferlante de travers, et ça fait un grand bang à l'intérieur. La première à la cap, l'équipage est peu loquace, chacun dans sa cabine ou dans le carré, le regard vide, chacun essayant d'oublier où l'on est, évacuant le stress. Puis un grand Bang survient, la tête de Baptiste rebondit dans sa bannette, tout à bord du bateau fait un petit saut de 10 cm. On sort vite la tête. Dehors, la vague a plié les chandelier de la filière tribord et la bôme a sauté de son socle. On envoie des aussières à l'avant pour tenir la filière et la voile qui sont en train de partir à l'eau et l'on fixe la bôme de manière provisoire. La Cap est peu convaincante, et nous remettons le régulateur d'allure pour être à 45° du vent. Cette option est la bonne, sorte de fausse cap mais avec le bateau qui arrête de lofer et abattre. Nathan et Max font les quarts de 01h à 07h.

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Au matin, la tempête est passé, petit à petit vent frais de 25nds: le bonheur. Pendant que l'équipage récupère je m'occupe a remettre en route Guapita en fixant provisoirement le balcon avant, rentrant le foc dans le cockpit, petit ajustage de la grand voile histoire d'avoir une bordure potable et renvoie du solent. Après un moment dur, l'on s'émerveille facilement. Ce moment bricolage l'avant du bateau est du niveau de l'extase, je suis à nouveau sec sous mon ciré, le soleil est orange avec des couleur d'après tempête, les nuages gris au loin et les dauphins qui viennent nous dire bonjour et que j'imagine me dire : « bien joué, tu t'en es sorti, je vous ai vu d ans la tempête! Tu l'as pas volée ta boucle d'oreille ! »

Vers 12h, on décide de mettre le cap sur Mar del Plata qui est à 150NM histoire de réparer la bôme où seul les rivets ont sauté, plus impressionnant que méchant. Journée tranquille. L'équipage reprend des couleurs, on se fait un bon repas à midi et même le vent mollit. Finalement Nous arrivons à Mar del Plata à 01h30 du Matin et l'on se finit les dernière goûtes du Rhum vieux de Martinique. « Double dose les gars, adieux 50°, adieux 40°, on est arrivé ! »



Le lendemain nous attend une autre tempête mais cette fois bureaucratique.  

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